Les parents du 16e Gyalwa Karmapa
La naissance d’un Bouddha
Près de deux ans après le parinirvāṇa* du 15e Karmapa, Dzogtchen Rinpoché Thubden Tcheukyi, abbé du célèbre monastère Nyingmapa du même nom, rendit visite à Peldjor Pountsog, ministre du roi de Dergué et lui-même lama, et à sa femme Kaltsang Tcheuden, que l’on disait être une dākinī*. Ce couple appartenait à la famille Athoub, connue et appréciée dans toute la région de Dergué à l’est du Tibet. À son arrivée à Denkhok, dans la maison seigneuriale, Dzogtchen Rinpoché, le lama racine du couple, fut reçu avec les honneurs propres aux coutumes tibétaines.
Après avoir été accueilli, le grand enseignant prodigua ses conseils portant sur la vie spirituelle et séculière aux époux et leur annonça qu’ils auraient prochainement un fils. Il accordait déjà le nom de Thubden Guelek à cet enfant qui serait la réincarnation d’un grand bodhisattva.
Effectivement, peu après la visite de l’abbé, Kaltsang Tcheuden constata avec joie qu’elle était enceinte. S’ensuivit une grossesse plutôt facile. Comme pour beaucoup de femmes enceintes de réincarnations de grands maîtres tibétains, des événements merveilleux se produisirent. On dit ainsi que le fils à venir récitait dans le ventre de sa mère « Om Mani Peme Houng » le mantra d’Avalokiteśvara. Tcheuden fit aussi des rêves singuliers comme celui d’une coiffe noire. Elle pressentit alors de plus en plus que son fils serait, comme annoncé par Dzogtchen Rinpoché, un grand bodhisattva.
Puisqu’il s’agissait d’un enfant extraordinaire, le lama conseilla à la mère de se mettre en retraite le temps de sa grossesse. Elle ne pouvait donner naissance au tulkou dans sa propre maison, mais devait accoucher dans les grottes appelées « Forteresse céleste des lions », proches du palais de la famille Athoub. Ce lieu avait été grandement béni par Padmasambhava, qui avait introduit le bouddhisme au Tibet au VIIIe siècle. La date de la naissance approchant, on monta une grande tente sur l’alpage magnifiquement fleuri, devant le lieu sacré*.
Peu avant le jour de la naissance, la nature même faisait écho au grand événement. Un villageois arriva ainsi en courant racontant avec émotion les arcs-en-en ciel qu’il avait vus se superposer les uns aux autres au-dessus de la tente et les images fantastiques dessinées par les nuages. La nuit avant l’accouchement, la tente richement ornementée fut inexplicablement enveloppée d’une lumière vive. Encore aujourd’hui on raconte que l’on pouvait entendre des voix s’exprimer dans plusieurs langues et des instruments de musique rituelle, bien qu’on ne vît personne pour conduire les cérémonies. Selon les Tibétains et la doctrine bouddhique, il existe des êtres invisibles aux yeux de la plupart d’entre nous, mais tout aussi réels que les humains ou les animaux. Ainsi était-il clair pour les témoins de ce jour que ces sons provenaient des protecteurs du Dharma* venus assister à la naissance du grand bodhisattva.
Noble et importante, la future famille du Karmapa comptait environ cent serviteurs, tous présents quand, selon la légende, des événements encore plus inhabituels eurent lieu : la veille de sa naissance, le bébé avait disparu du ventre de sa mère ! Celle-ci en fut bien sûr fort inquiète. Le matin suivant, au lever du soleil, son ventre se gonfla à nouveau – son fils était de retour. Plus tard, plusieurs lamas lui expliquèrent qu’il s’était rendu dans les terres pures. De plus, la mère, qui était elle-même une dakinī, avait eu la vision « d’un être noir », qu’elle identifia comme étant le protecteur* du Dharma, Mahākāla Bernatchen,* divinité protectrice principale de la lignée Karma Kagyu.
Enfin au crépuscule du 14 août 1924 naquit le 16e Gyalwa Karmapa Rangdjoung Rigpe Dordjé. Comme celle de tous les grands maîtres, sa naissance fut marquée de signes auspicieux : des arcs-en-ciel apparurent dans le ciel, une douce pluie arrosa la terre, certains virent une pluie de pétales de fleurs, le sol se mit à trembler légèrement et dans les bols d’offrandes sous la tente magnifiquement ornée, l’eau s’était transformée en lait. Sa mère, qui n’avait pas souffert pendant la grossesse, enfanta sans aucune difficulté. Ainsi qu’il est dit, Karmapa put immédiatement marcher et parler, comme la plupart de ses incarnations précédentes : il fit sept pas dans chacune des directions cardinales, en annonçant, selon la légende :
« Mère, je ne resterai pas ici. »
Ainsi il affirmait déjà son caractère intrépide qui annonçait le tempérament sans peur d’un grand Bodhisattva.
Extrait de Compassion rayonnante. Vous êtes bienvenu de partager le lien, mais pas de publier le texte lui-même. Merci !
© 2022
Près de deux ans après le parinirvāṇa* du 15e Karmapa, Dzogtchen Rinpoché Thubden Tcheukyi, abbé du célèbre monastère Nyingmapa du même nom, rendit visite à Peldjor Pountsog, ministre du roi de Dergué et lui-même lama, et à sa femme Kaltsang Tcheuden, que l’on disait être une dākinī*. Ce couple appartenait à la famille Athoub, connue et appréciée dans toute la région de Dergué à l’est du Tibet. À son arrivée à Denkhok, dans la maison seigneuriale, Dzogtchen Rinpoché, le lama racine du couple, fut reçu avec les honneurs propres aux coutumes tibétaines.
Après avoir été accueilli, le grand enseignant prodigua ses conseils portant sur la vie spirituelle et séculière aux époux et leur annonça qu’ils auraient prochainement un fils. Il accordait déjà le nom de Thubden Guelek à cet enfant qui serait la réincarnation d’un grand bodhisattva.
Effectivement, peu après la visite de l’abbé, Kaltsang Tcheuden constata avec joie qu’elle était enceinte. S’ensuivit une grossesse plutôt facile. Comme pour beaucoup de femmes enceintes de réincarnations de grands maîtres tibétains, des événements merveilleux se produisirent. On dit ainsi que le fils à venir récitait dans le ventre de sa mère « Om Mani Peme Houng » le mantra d’Avalokiteśvara. Tcheuden fit aussi des rêves singuliers comme celui d’une coiffe noire. Elle pressentit alors de plus en plus que son fils serait, comme annoncé par Dzogtchen Rinpoché, un grand bodhisattva.
Puisqu’il s’agissait d’un enfant extraordinaire, le lama conseilla à la mère de se mettre en retraite le temps de sa grossesse. Elle ne pouvait donner naissance au tulkou dans sa propre maison, mais devait accoucher dans les grottes appelées « Forteresse céleste des lions », proches du palais de la famille Athoub. Ce lieu avait été grandement béni par Padmasambhava, qui avait introduit le bouddhisme au Tibet au VIIIe siècle. La date de la naissance approchant, on monta une grande tente sur l’alpage magnifiquement fleuri, devant le lieu sacré*.
Peu avant le jour de la naissance, la nature même faisait écho au grand événement. Un villageois arriva ainsi en courant racontant avec émotion les arcs-en-en ciel qu’il avait vus se superposer les uns aux autres au-dessus de la tente et les images fantastiques dessinées par les nuages. La nuit avant l’accouchement, la tente richement ornementée fut inexplicablement enveloppée d’une lumière vive. Encore aujourd’hui on raconte que l’on pouvait entendre des voix s’exprimer dans plusieurs langues et des instruments de musique rituelle, bien qu’on ne vît personne pour conduire les cérémonies. Selon les Tibétains et la doctrine bouddhique, il existe des êtres invisibles aux yeux de la plupart d’entre nous, mais tout aussi réels que les humains ou les animaux. Ainsi était-il clair pour les témoins de ce jour que ces sons provenaient des protecteurs du Dharma* venus assister à la naissance du grand bodhisattva.
Noble et importante, la future famille du Karmapa comptait environ cent serviteurs, tous présents quand, selon la légende, des événements encore plus inhabituels eurent lieu : la veille de sa naissance, le bébé avait disparu du ventre de sa mère ! Celle-ci en fut bien sûr fort inquiète. Le matin suivant, au lever du soleil, son ventre se gonfla à nouveau – son fils était de retour. Plus tard, plusieurs lamas lui expliquèrent qu’il s’était rendu dans les terres pures. De plus, la mère, qui était elle-même une dakinī, avait eu la vision « d’un être noir », qu’elle identifia comme étant le protecteur* du Dharma, Mahākāla Bernatchen,* divinité protectrice principale de la lignée Karma Kagyu.
Enfin au crépuscule du 14 août 1924 naquit le 16e Gyalwa Karmapa Rangdjoung Rigpe Dordjé. Comme celle de tous les grands maîtres, sa naissance fut marquée de signes auspicieux : des arcs-en-ciel apparurent dans le ciel, une douce pluie arrosa la terre, certains virent une pluie de pétales de fleurs, le sol se mit à trembler légèrement et dans les bols d’offrandes sous la tente magnifiquement ornée, l’eau s’était transformée en lait. Sa mère, qui n’avait pas souffert pendant la grossesse, enfanta sans aucune difficulté. Ainsi qu’il est dit, Karmapa put immédiatement marcher et parler, comme la plupart de ses incarnations précédentes : il fit sept pas dans chacune des directions cardinales, en annonçant, selon la légende :
« Mère, je ne resterai pas ici. »
Ainsi il affirmait déjà son caractère intrépide qui annonçait le tempérament sans peur d’un grand Bodhisattva.
Extrait de Compassion rayonnante. Vous êtes bienvenu de partager le lien, mais pas de publier le texte lui-même. Merci !
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